Entretien du 17 juin 2021 entre Philippe Baudelocque
et Jean Moderne alias RCF1 www.rcf1.art
B : RCF1, tu es un graffeur à part, car à la fin des
années 80, tu étais le seul à graffer des Moaï de l’Ile
de Pâques le long des voies ferrées.
Alors que pour moi le graffiti se résumait à des expérimen-
tations
graphiques dans des lieux désaffectés, pour toi c’était
plus que ça.
Il y a quelques temps, j’ai participé à une table ronde
organisée par le Ministère de la Culture sur l’art urbain,
au cours de laquelle j’ai parlé des ovnis.
En fin de conférence, tu es venu me voir, surpris de
mon intervention, pour me dire que tu avais
eu une expérience avec des ovnis.
C’est de cette expérience que j’aimerais que tu parles
aujourd’hui.
RCF1 : Suite à ce que tu avais dit j’ai compris pourquoi
j’appréciais ton travail, au-delà de son esthétique et j’ai
pensé que tu serais peut-être une oreille attentive avec
laquelle je pouvais partager sur le sujet.
Habituellement, par crainte d’un certain discrédit social,
je m’abstiens y compris dans ma famille, car ma pratique
de plasticien (j’ai du mal à parler d’art) pourrait risquer
d’être évaluée à la jauge de ce propos, ce que je ne veux pas.
J’ai vraiment besoin de me sentir en confiance avant d’aborder
ce thème.
Je n’ai de toute façon personne à convaincre, j’ai vécu ce
que j’ai vécu.
Il a tout de même fallu que je me découvre un peu sur le
sujet car mon “image de marque”, le fantôme, throw up d’un
point d’exclamation, a de grands yeux oblongs un peu
semblables à ceux des extraterrestres «Petits Gris».
C’est ce fantôme, terme attribué par des copains, je pensais
plutôt au terme “spectre”,
qui est venu remplacer mes emblématiques Moaï quand j’ai
voulu évoluer pour ne pas être réduit à ces seules représentations
qui d’ailleurs ne m’appartiennent pas.
Et pour être précis, je préfère parler de figure astrale
plutôt que d’extraterrestre, car mes rencontres se sont faites
par le biais de l’astral.
B : Peux-tu nous expliquer ?
RCF1 : Depuis que je suis très jeune, par le rêve j’ai eu de
multiples contacts.
Notre éducation nous incite à distinguer le rêve de la réalité,
c’est la raison pour laquelle je suis intéressé par les notions
d’illusion de la réalité et illusion du rêve, qu’il s’agisse
ou non de différents états de conscience.
Il y a différentes qualités de rêves, certains expriment
ma psyché, ce que je ressens dans la journée par exemple et
d’autres se font en état de conscience aigüe, de supra
conscience, au-delà du temps. Mon corps est bien dans la pièce
mais une porte a été ouverte, un pied en a franchi le seuil.
Je peux voir et entendre ce qu’il se passe de l’autre côté.
Dans cet état modifié de conscience, on peut rencontrer des
entités de toutes provenances.
Il peut y avoir des individus venus de très loin, ou des disparus.
Pour moi, la grande avancée technologique est spirituelle,
il s’agit du contrôle de sa conscience par rapport au temps et
à l’espace.
Les rencontres se font dans cet «entre-deux ».
Mes contacts ont été fréquents, amicaux et bienveillants, avec
beaucoup d’humour.
Mes souvenirs sont flous et diffus, car je n’ai pas développé
l’art de conserver en mémoire en sortant de cet état comme un
moine tibétain.
J’en suis un peu frustré.
B : Est-ce pour toi un voyage astral ?
RCF1 : Oui. Mais il ne s’agit pas forcément d’un voyage, c’est
juste être présent de l’autre côté tout en restant ici.
On utilise beaucoup de termes teintés d’occultisme pour évoquer
toutes ces expériences mais ça ne leur rend pas service.
B : Est-ce que tu te rappelles d’une conversation et veux-tu
nous en parler ?
RCF1: La plupart des échanges ont justement été une invitation
au voyage.
On m’a invité et enmené dans des lieux que je ne connaissais pas,
ou dans des régions du temps que je n’avais pas visitées.
J’ai été invité à traverser le temps, à aller voir plus loin dans
ma vie. J’en garde des souvenirs subtils, diffus. Il m’est arrivé
dans ma vie d’avoir quelques résurgences qui me font reconnaître
des lieux que je découvre pourtant pour la première fois.
Ainsi lors d’un voyage à Djakarta, j’ai été invité à peindre dans
la rue avec des artistes locaux et lorsque je me suis retrouvé
devant le mur sur lequel je devais peindre, je me suis remémoré
un rêve où des silhouettes noires m’avaient chassées de ce mur,
on m’avait expliqué que je serais un jour confronté à cette
situation.
Il m’a été difficile d’expliquer aux autorités locales que je
ne peindrais pas sur ce mur. Mais je me devais d’être à l’écoute
du message qu’on m’avait délivré.
Il y a eu des voyages sur des planètes.
Dont une que j’ai survolée avec d’autres, je n’étais pas seul,
constituée d’un immense océan avec des passerelles, peuplée de
gens d’une grande gentillesse.
Une grande sensation d’amour fraternel émane des relations avec
ces êtres, humains ou non, dont je ne sais s’ils sont de la même
époque que moi.
Je ressors de ces rêves avec de grandes interrogations et souvent
éprouvé physiquement et psychologiquement.
Les émotions vécues s’inscrivent dans le corps.
Dans de rares cas, le contact a plus été physique, avec des
sensations de gravité et auditive.
A Londres il y a cinq ou six ans, pendant une sieste, alors que
je rêvais, j’ai senti qu’«on» m’a reposé dans le lit.
J’ai eu l’impression de tomber d’une petite hauteur, peut-être
un centimètre, suffisamment pour sentir la gravité dans tout
le corps.
Dans cette fraction de seconde, la sensation de la disparition
à très grande vitesse d’un vaisseau a été tangible.
Le choc m’a saisi et a effacé instantanément la rencontre que
je venais de faire.
B : Peut-on parler du fameux missing time ?
RCF1: Vu d’ici, le temps est effectivement manquant, mais il
ne l’est pas.
Il est dans une expansion de l’autre côté.
Dans le film Contact, le voyage a-t-il vraiment eu lieu ou
est-ce seulement une projection de conscience ? Pour moi une
civilisation avancée est une civilisation hautement spirituelle,
capable de moduler le temps et d’embarquer des invités dans
ces voyages de conscience.
B : Avais-tu lancé une demande ?
RCF1 : Quand j’étais plus jeune, je ne demandais pas, mais je
me souvenais mieux de mes rêves qu’aujourd’hui.
Après avoir eu une longue période sans éveil (il me semble plus
juste de parler d’éveil que de rêve finalement), j’ai appris
à demander, oui.
Je m’allonge, plutôt dans l’après-midi, en projetant un cercle
doré autour de moi dans lequel j’invite les présences à venir
communiquer.
B : Est-ce toujours les mêmes ?
RCF1: Je ne crois pas. Souvent il s’agit de groupes.
B : S’agit-il de consciences terrestres qui voyagent avec toi,
ou de groupes qui viennent te voir ?
RCF1: Les deux. Il est arrivé que sur la « ligne de démarcation »
un groupe soit venu me visiter dans ma chambre alors que j’étais
allongé sur mon lit et que je n’avais
appelé personne.
Je me suis retrouvé à rire avec des petits êtres très rieurs
et taquins.
Je crois que ce groupe est revenu plusieurs fois.
B : As-tu eu une sensation de familiarité ?
Familiarité qui peut-être est une impression de faire partie
de la même famille ?
RCF1: Oui, je me sens globalement en sécurité.
J’ai eu des ressentis hostiles mais c’était pour m’indiquer ce
que je devais craindre, donc c’était sûrement bienveillant.
Il y a eu aussi plusieurs contacts hostiles ou je n’étais pas
en confiance et j’ai demandé à partir.
J’ai perdu le contrôle de mon corps, je ressentais mais ne pouvais
me relever, j’étais paniqué.
J’ai eu la sensation d’un cône, je dirais « magnétique », qui
pénétrait dans mon front, j’ai eu peur et ai perdu connaissance.
Je ne raconte pas ça dans ma pratique picturale, mais c’est intégré.
Mes fantômes sont un écho de ces silhouettes mouvantes,
à la façon des bulles de champagne.
Et puis bien sûr, je privilégie ma vie terrestre, dont je dois
prendre soin.
B : Merci pour cette première approche de la question.
Cela suffira pour susciter l’étonnement.
Il y aura toujours quelqu’un pour relever ce que tu as dit. |